Le 2 décembre, j’ai interpellé le gouvernement sur l’abandon programmé de l’objectif de réemploi de 10% des cartons. D’importants investissements ont déjà été menés et cette matière peut facilement se réutiliser plutôt que de la recycler en consommant de l’eau, des produits chimiques et de l’énergie au passage, ou de les brûler. La réponse de la ministre a malheureusement été extrêmement évasive, entérinant un recul absurde.
Vous trouverez ci-dessous ma question en vidéo et sous format texte :
Madame la Ministre,
La loi Anti Gaspillage Économie Circulaire (AGEC) a fixé un cap de 10 % d’emballages réemployés d’ici 2027, applicable à tous les emballages, tous les matériaux et tous les secteurs d’activité. Cet engagement a structuré depuis 2020 de nombreux investissements publics et privés. De nombreuses solutions de réemploi sont déjà matures ou en cours de déploiement, en France et en Europe.
Pour le carton, qui représente la majorité des emballages professionnels de transport, le réemploi fait tout à fait sens. Même s’il est très largement recyclé aujourd’hui, cette opération implique d’ajouter de la matière neuve, ce qui a donc un impact sur nos forêts. Le recyclage suppose l’usage de produits chimiques, d’eau et d’énergie, alors que beaucoup de cartons sont encore en bon état et peuvent servir à nouveau. Réemployer 10% de ces emballages est donc tout à fait atteignable.
Malgré cette évidence environnementale et économique, et le volontarisme de la filière, le décret de la nouvelle filière à responsabilité élargie des producteurs des emballages professionnels et l’arrêté Cahier des Charges vont renoncer à l’objectif de réemploi de 10 % des emballages en carton.
Cette décision va totalement à l’encontre de la loi ! Ce changement de position est incompréhensible !
Le règlement européen PPWR prévoyant cette exemption, sur lequel la France veut s’aligner, ne sera applicable qu’en août 2026 et ne crée, d’ici là, aucune obligation. Surtout, les négociations avec la Commission européenne ne sont pas terminées et la France a défendu le maintien des ambitions nationales et a minima une flexibilité pour les États.
Au lieu de s’aligner sur un règlement pas encore applicable, la France doit envoyer un signal de continuité, préserver les acquis, consolider les transformations déjà engagées. Un recul serait très mal perçu par les entreprises qui ont investi dans des solutions de réemploi.
Madame la Ministre, y-a-t-il vraiment une volonté politique pour sauver les objectifs réemploi de la France ? Pourquoi ne pas maintenir la pression dans les négociations ?
Pourquoi abandonner le réemploi du carton, évident tant pour l’écologie que sur le plan financier, alors que ce matériau représente 40% des déchets ? Quelles garanties allez-vous donner aux entreprises qui ont déjà investi pour le réemploi ?
Crédit photo en une : Jon Moore
