Comme chaque fin d’année, les discussions budgétaires pour l’année à venir ravivent les discours évoquant une France « au bord de la faillite » ou « bientôt en défaut de paiement ». Des propos très exagérés : si le stock de dette de la France est certes très élevé, notre pays n’a pas de mal à emprunter sur les marchés financiers. Quant au ratio de la dette/PIB, il ne signifie en réalité pas grand chose, puisqu’un Etat, contrairement à un ménage, est éternel et peut déterminer lui-même ses revenus.

Je ne tiens cependant pas à minimiser les difficultés budgétaires auxquelles notre pays fait face. La charge de la dette a fortement augmenté ces dernières années et pèse lourdement sur nos finances publiques. Le déficit reste élevé et il est nécessaire de le réduire. Cependant, la méthode des gouvernements successifs, poursuivie par François Bayrou et Sébastien Lecornu dans le budget 2026, a démontré son échec. En coupant à chaque fois dans les services publics et la protection sociale, tout en augmentant divers impôts et taxes sur les ménages, l’activité économique ralentit, ce qui pèse ensuite à la baisse sur les recettes de l’Etat. Clairement, l’austérité ne fonctionne pas.

Plutôt que d’attaquer une nouvelle fois les services publics, de sacrifier les investissements dans des domaines essentiels (développement du réseau ferroviaire, rénovation énergétique des logements, hôpital public, école, justice…), il faut au contraire les renforcer. Si des économies doivent être réalisées, elles doivent plutôt porter sur les aides aux entreprises, qui ont explosé ces dernières années, comme la montré la commission d’enquête du Sénat, pour atteindre un montant astronomique de 211 milliards d’euros en 2023. Si toutes ces aides ne sont pas inutiles, les contreparties sociales, écologiques ou en matière de relocalisation et d’emploi demandées aux entreprises bénéficiaires sont souvent inexistantes. Beaucoup de dispositifs d’aide, comme le CICE ou le crédit impôt recherche ont ainsi seulement gonflé les profits des entreprises.

Ce sont ces dispositifs inefficaces qu’il faut réformer ou supprimer pour faire des économies. Nous souhaitons donc revenir sur les exonérations de cotisations sociales sur les salaires, réformer le crédit d’impôt recherche, abroger certaines niches fiscales, et renégocier le tarif de certains médicaments. Au total, ces réformes pourraient permettre 16,6 milliards d’euros d’économies, sans affecter les services publics et le pouvoir d’achat des Français.

Par ailleurs, les écologistes souhaitent, comme la très grande majorité des Français, plus de justice fiscale. Cette année, le groupe écologiste de l’Assemblée nationale a fait adopter la taxe Zucman, instaurant 2% de taxe sur le patrimoine des 1800 ménages les plus riches. Nous l’avons ensuite proposé dans notre niche au Sénat, où elle a été rejetée. Mais nous ne lâcherons pas sur ce point : d’une part car cette taxe est nécessaire pour rétablir la justice fiscale en mettant à contribution des ménages très riches qui échappent très largement à l’impôt, d’autre part, car elle rapporterait entre 15 et 25 milliards d’euros bienvenus pour le budget de l’Etat.

Nous proposons aussi la mise en place d’un « ISF climatique », comme le suggéraient les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz dans leur rapport de 2023, le maintien de la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises, l’augmentation de la fiscalité aérienne ou encore la réforme du pacte Dutreil, qui permet d’exonérer une partie des droits de succession lors de la transmission d’une entreprise. Divers leviers de justice fiscale qui permettraient de dégager des milliards supplémentaires.

Pour en savoir plus sur nos propositions, je vous renvoie au « plan de sortie de crise » présentés par mes collègues Thomas Dossus et Eva Sas.

Crédit photo en une : Jakub Żerdzicki