Le 30 juin dernier, je suis allé à la rencontre des professionnels et bénévoles de Médecins du monde Grenoble. Au sein du Centre d’accueil, de soins et d’orientation (CASO), nous avons pu échanger sur le fonctionnement de l’association ainsi que sur leurs inquiétudes vis-à-vis du climat politique actuel. Sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les deux antennes de Lyon et Grenoble cumulent 10 salariés et plus de 200 bénévoles.
L’objectif premier de Médecins du monde est de garantir un accès universel et durable aux soins pour les personnes qui en sont éloignées : notamment les personnes sans protection sociale ou couverture maladie. Par ailleurs, l’association accompagne les personnes dans l’ouverture de leurs droits et effectue un plaidoyer à l’échelle nationale.

C’est à travers leur travail d’accompagnement pour l’ouverture des droits des personnes que Médecins du monde a pu constater les défaillances et manquements de la Préfecture de l’Isère. Médecins du monde sont ainsi signataires du collectif “Bouge Ta Pref 38”, coordination associative dont je soutiens pleinement les revendications et actions.
Ces dernières années, et plus particulièrement depuis la loi Asile et Immigration de janvier 2024, l’association Médecins du monde est grandement inquiète de l’aggravement du non-accueil et des conditions de vie indignes des personnes en situation d’exil. La facilitation de l’attribution des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) n’a fait qu’accentuer le climat de peur des personnes en attente de régulation administrative.
Les conséquences sont réelles et impactent d’autant plus la santé mentale de personnes déjà fortement fragilisées. C’est en ce sens que Médecins du monde Grenoble s’attèle à développer de nouveaux ateliers visant à améliorer la santé mentale des personnes avec, par exemple, la mise en place de rondes de parole.
De plus, la période actuelle constitue une véritable hécatombe des droits humains en France. Proposition de loi visant à réformer et durcir les conditions d’accès aux prestations sociales, une seconde créant une condition de durée de résidence pour le versement de certaines prestations sociales ou encore une autre visant à abroger le titre de séjour pour étranger malade, tant d’initiatives parlementaires qui font honte au 1er article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits”.
Les inepties législatives se succèdent et l’ensemble des acteurs du champ de l’action sociale se retrouvent démunis. L’arrivée du PLF et du PLFSS à l’automne alarme, il sera indispensable de lutter pour conserver nos acquis et, dans la mesure du possible, améliorer les dispositifs existants.
Alors que le taux de non-recours à l’AME est de 49%, chaque année, des propositions émanant de la droite et de l’extrême droite tentent de limiter son budget, de restreindre l’offre de soins proposée voire de l’abolir entièrement.
Ces différentes attaques législatives contre l’accès aux soins des personnes en situation d’exil s’inscrivent dans un contexte plus large d’austérité budgétaire et de dégradation du système de santé. Grenoble est un véritable désert médical, de plus en plus de personnes ayant une assurance maladie mais ne trouvant pas de médecin généraliste passent les portes de Médecins du monde.
La destruction progressive du système de santé et l’atteinte aux droits des personnes résidant sur le territoire français n’est pas le simple fruit de contraintes budgétaires ; il s’agit d’une véritable idéologie étatique visant à sacrifier les personnes les plus vulnérables.