Le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable, issu des Etats généraux de l’Alimentation a été adopté mardi en première lecture par le Sénat, après plus de 50 heures de débat en moins d’une semaine.

Je dénonce ces conditions de débat indigne d’un texte de cet importance. Le mépris qu’affiche le Gouvernement pour le Parlement, semaine après semaine, est insupportable.
Le texte adopté par le Sénat est un recul par rapport au texte adopté par l’Assemblée nationale, déjà très en deçà des attentes suscitées par les conclusions des Etats généraux de l’alimentation.

Le volet de la loi relatif à la meilleure rémunération des agriculteurs a plutôt fait consensus, il comporte quelques avancées mais n’inversera pas la tendance : la main invisible du marché mondialisé étrangle et continue d’étrangler nos agriculteurs. A ce titre, je regrette que nos amendements pour sortir l’agriculture des traités de libre-échange aient été refusés.

Le deuxième volet sur l’alimentation saine et durable a suscité beaucoup plus de débats. Après avoir failli supprimer l’objectif de 20% de produits bio dans la restauration collective, le Sénat a tranché la poire en deux adoptant un objectif de 20 % de produits bio parmi 50 % de produits issus de l’agriculture locale et raisonnée, soit en fait, au total : 10 % de produits bio…
Sur alimentation, sur le bien-être animal ou sur la lutte contre les pesticides, le Sénat ne propose aucune amélioration ! D’une manière générale, l’examen en commission avait tellement abimé le texte pour répondre aux demandes des lobbys de l’agrobusiness, que tout l’examen en séance aura été une bataille pour tenter de revenir, a minima, à la version de l’Assemblée.
La majorité sénatoriale, loin de défendre nos terroirs, nos paysans et les consommateurs, s’est faite le relais des grands entrepreneurs agricoles. Loin, très loin d’être à la hauteur des enjeux de la transition agricole, elle a freiné des quatre fers face à chaque petite avancée proposée.

Avec mes collègues du groupe CRCE, nous nous sommes battus ardemment défendant près d’une centaine d’amendements sur tous les sujets. En vain…
Une occasion de plus manquée pour accompagner une transformation profonde de nos modes de production et de consommation.