Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, les pays de l’Union européenne se sont accordés vendredi 11 décembre pour réduire d’au moins 55% leurs émissions de CO2 d’ici 2030. 
Pourtant, alors qu’il faudrait mettre les bouchées doubles et malgré ses promesses, le Président joue encore les arbitres sur les propositions de la convention.


Après en avoir retenu que 146, plusieurs propositions sont menacées et non des moindre: l’obligation de rénovation globale des logements, redevance pour les engrais azotés, réguler la publicité sur les produits polluants, fin des niches fiscales contraires à l’environnement, généralisation du forfait mobilité, zéro artificialisation des sols… Au delà de la communication et de l’affichage, Emmanuel Macron doit respecter le travail des 150 citoyens et permettre un texte ambitieux qui correspond aux objectifs qu’il s’est lui même fixé.

En ma qualité de Président du groupe Ecologiste – Solidarité et Territoire, j’ai participé le 14 décembre à la rencontre avec les membres de la convention et le Président de la république.

Le retour sur l’exercice d’autosatisfaction du Président pourrait se résumer ainsi : une seule approbation, un coup politique et d’innombrables déceptions.

Une approbation, tout d’abord, la proposition de mettre en place des chèques alimentaires pour aider les moins favorisés à se tourner vers une alimentation durable.

Un coup politique, ensuite avec l’annonce d’un référendum pour l’intégration de la préservation de l’environnement et de la biodiversité dans l’article Ier de la Constitution. Coup politique car la charte de l’environnement a valeur constitutionnelle depuis 2005 et cette proposition de referendum ne verra peut-être jamais le jour puisque l’idée doit être adoptée par le Parlement et le Sénat. Il s’agit cependant d’une rare satisfaction dans les annonces présidentielles.

Des déceptions, enfin, car les propositions que le Président s’était engagé à transmettre « sans filtre » ont été revues à la baisse ou renvoyées à plus tard. En somme, les propositions sont rabotées. La Convention Citoyenne pour le Climat plaidait, après des mois de travail, pour interdire les vols intérieurs lorsqu’une alternative de moins de 4h existe par le ferroviaire, pour la rénovation obligatoire des bâtiments d’ici à 2040 avec un système progressif de prêts et de subventions, et pour interdire la publicité pour certains produits particulièrement polluants.

Le Président n’a eu de cesse de répéter « vous avez raison » aux 150 citoyens. Mais comment expliquer le coup de rabot sur les mesures emblématiques de la Convention.

Pour les vols intérieurs, ce sera 2h30 et non 4h. Au final ce sont moins de dix liaisons déjà vouées à disparaître qui sont concernées.

Pour la rénovation des bâtiments, pas d’obligation. C’est d’autant plus paradoxal que cela soutiendrait le secteur du BTP et que les objectifs de rénovation énergétique ne sont jamais atteints.

Pour la publicité, l’interdiction sera limitée aux annonces pour les énergies fossiles. Nous ne pourrons plus vanter les mérites du pétrole mais pourrons toujours être tentés d’acheter un SUV, toujours plus lourd, toujours plus grand, toujours plus polluant et toujours plus inadapté à nos villes.

Ces annonces sont décevantes.

Les 150 citoyens devaient faire des propositions pour que la France réduise de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (l’Europe a déjà porté l’objectif à 55%). Comment atteindre ces objectifs en rabotant chacune des propositions ? Cet exercice devait ouvrir la voie à une nouvelle démocratie. Comment restaurer la confiance des citoyens dans leurs élites s’ils ne sont pas écoutés ?