Ce 15 octobre, le Sénat a débattu d’une proposition de loi visant à reporter à nouveau les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. En parallèle, le Premier Ministre Sébastien Lecornu a dit vouloir inscrire dans la Constitution l’accord de Bougival… qui n’est pas un véritable accord, puisqu’il est rejeté par les indépendantistes du FLNKS. Si la réouverture du dialogue est une bonne nouvelle, il faut prendre le temps de parvenir à un véritable accord et non considérer cette base de travail comme l’aboutissement des négociations. Si ce texte de report des élections venait à être adopté, je crains que les violences ne reprennent sur le Caillou, ce qu’il nous faut à tout prix éviter. J’ai donc soutenu la question préalable déposée par mes collègues communistes visant à rejeter ce texte, afin que les élections se tiennent enfin à la date prévue et que les néo-Calédoniens renouvellent leur représentation provinciale.
Vous trouverez mon intervention en format texte et en vidéo ci-dessous :
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes chers collègues,
En 2021, en passant en force pour organiser le troisième référendum d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie en pleine pandémie, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu a ravivé les tensions très vives au sein de la société kanak. Les accords de Matignon et de Nouméa avaient permis une pacification et un chemin vers la nécessaire décolonisation de ce territoire.
Depuis, tout a été fait pour jeter de l’huile sur le feu. Le report des élections provinciales et la tentative de réforme en urgence du corps électoral l’an dernier ont mis la Kanaky- Nouvelle-Calédonie à feu et à sang, entraînant la mort de 14 personnes. Ces erreurs tragiques ne doivent pas être répétées, et pourtant, c’est ce que vous vous apprêtez à faire !
Certes, les discussions entre loyalistes, indépendantistes et autres blocs politiques calédoniens ont repris et nous saluons tous les efforts en ce sens. Mais parler d’accord pour le cadre adopté à Bougival est exagéré. Ce soi-disant “accord” que vous voulez inscrire dans la Constitution est en réalité un accord de principe pour poursuivre les discussions, et non un texte définitif, raison pour laquelle le FLNKS refuse de le signer. Par ailleurs, comment négocier un accord avec des indépendantistes, dont une bonne partie était alors emprisonnés ? Cet accord n’a donc aucune légitimité et les discussions doivent se rouvrir.
Quant aux élections provinciales, elles n’ont que trop tardé : il est temps que les néo-calédoniens renouvellent leurs représentants. Ce sera d’ailleurs bénéfique pour la bonne conduite des négociations, avec des mandats clairs pour chaque camp. Nous nous opposons donc à tout nouveau report.
Il y a urgence à la pacification, et celle-ci passe par des élections provinciales et la reprise du dialogue, plutôt qu’un passage en force. Le groupe écologiste votera donc pour cette question préalable de nos collègues communistes et apporte tout son soutien au peuple kanak, en lui souhaitant de retrouver la maîtrise de son avenir.