Alors que les factures d’électricité s’envolent, en particulier pour les collectivités et les entreprises, EDF continue d’encaisser des pertes considérables (18 milliards € de déficit en 2022). Cette absurdité apparente s’explique par le marché européen de l’énergie et le système de l’ARENH, qui force EDF à vendre environ un tiers de sa production à ses concurrents, à des tarifs bien inférieurs aux prix du marché. Ces derniers sont fixés principalement par des spéculateurs ne produisant pas un MWh, mais réalisant des paris boursiers sur un bien commun de première nécessité. En outre, le prix de l’électricité est largement dépendant du gaz, qui permet de produire une électricité supplémentaire à très court terme en cas de pression sur le système électrique.

Ainsi, la guerre en Ukraine a démontré tout le danger d’un tel système transformant l’électricité en marchandise échangeable en bourse, au détriment de la population et des acteurs économiques. Une telle situation ne peut pas durer. Ainsi, comme l’ensemble des groupes de gauche et le groupe centriste, j’ai voté en faveur de la proposition de résolution déposée par le groupe communiste visant à une sortie temporaire du marché européen de l’électricité, à la fin du système de l’ARENH et aux retours aux tarifs réglementés.

Si certains ont agité la menace d’un « Frexit énergétique » en évoquant cette demande de sortie du marché européen, il s’agit là d’un faux procès : la France a toujours échangé de l’électricité avec ses voisins et il ne s’agit pas de rompre les interconnexions existantes. Cependant, le prix de ces échanges doit être défini autrement que par un marché en roue libre, avec des contrats garantissant de moyen ou long terme garantissant des tarifs proches des coûts de production. L’Espagne et le Portugal sont ainsi sortis temporairement de ce marché – tout en continuant à échanger de l’électricité avec le reste du continent et notamment la France – et bénéficient de prix bien plus normaux.

Malheureusement, cette résolution n’a pas été adoptée (153 voix pour et 180 contre) et la France demeure à la merci des spéculateurs. Ce vote est regrettable, mais ne signe pas la fin de notre combat pour reprendre le contrôle de notre système électrique et garantir à nouveau un système fiable et orienté sur le long terme, avec des tarifs réglementés permettant de couvrir les coûts de production et les investissements, mais sans les profits délirants actuellement observés.

En savoir plus (article de Public Sénat)