Le 22 octobre, j’ai interrogé la nouvelle ministre des Armées Catherine Vautrin sur le budget des armées, qui fait partie des rares à continuer à augmenter. Si les écologistes, conscients des menaces, ne s’opposent pas à cette hausse des moyens, la trajectoire de 5% du PIB exigée par l’OTAN d’ici 10 ans représente un investissement énorme. Nous ne pouvons accepter de financer toujours plus notre armée en rognant dans tous les budgets sociaux, de services publics, et dans la transition écologique, qui est aussi un moyen de réduire le financement de l’économie de guerre russe (mais aussi d’autres pays, comme l’Azerbaïdjan) en arrêtant progressivement nos importations d’hydrocarbures.
Je l’ai donc interrogé sur les sacrifices qu’elle prévoit pour financer nos armées, sur l’européanisation de nos dépenses militaires afin de faire des économies d’échelle et enfin sur sa définition du périmètre des dépenses de « sécurité civile » (1,5 des 5% demandés par l’OTAN). Si la ministre a rappelé la fin prochaine des importations de gaz russe prévue dans les nouvelles sanctions, elle n’a pas du tout répondu à mes autres questions, préférant faire un parallèle absurde entre les dépenses militaires et les dépenses de Sécurité sociale.
Vous trouverez ma question sous format vidéo et sous format texte ci-dessous, ainsi que la réponse de la ministre en vidéo.
Madame la Ministre,
Votre Gouvernement minoritaire présente à la France un budget d’austérité, un budget empreint de votre dogmatisme à refuser toute justice fiscale pour épargner les plus riches de nos compatriotes, un budget qui poursuit la destruction de nos services publics et appauvrit davantage les plus pauvres. Budget qui soit dit en passant n’a aucune chance d’être adopté si vous vous refusez à trouver des compromis avec la gauche et les écologistes.
Dans ce contexte budgétaire dramatique, vous nous présentez un budget du ministère des Armées qui poursuit la trajectoire de la LPM à l’euro prêt comme si de rien n’était, budget même bonifié de 3,5 milliards d’euros à la suite des annonces estivales du président de la République.
Conscient des dangers du monde présent et de l’impérieuse nécessité de soutenir l’Ukraine encore plus fortement que ne le fait déjà la France, les écologistes ne se sont pas opposés à la LPM, ni à aucun budget des armées depuis. Cependant nous sommes de plus en plus mal à l’aise du décalage entre l’effort de Défense auquel consent la Nation et l’effondrement de presque toutes les autres missions de l’Etat.
Nous sommes atterrés de voir que nous donnons moins à l’Ukraine que ce que nous achetons comme hydrocarbures et comme uranium enrichi à Poutine et que malgré ce constat qui devrait alerter en premier lieu le Gouvernement, nous continuons à sabrer dans nos politiques de souveraineté énergétique et je pense en 1er chef à la destruction organisée de Ma prime Rénov divisée par presque 3 en 3 ans. Nous défendre tout en armant nos ennemis est pour le moins incongrue.
Dans ce contexte, la France s’est engagée lors du dernier sommet de l’OTAN à porter son effort de Défense à 5 % du PIB d’ici 10 ans. Dans le détail 3,5 % de dépenses militaires et 1,5 % de dépenses de sécurité au sens large. Soit, à PIB constant, environ 105 milliards de dépenses militaires et 35 milliards de dépenses de sécurité. Ces montants vertigineux appellent de nombreuses questions de notre part que nous n’épuiserons pas aujourd’hui j’en ai conscience.
Quelles recettes nouvelles ou quels nouveaux sacrifices pour accroitre de près 50 milliards d’euros nos dépenses militaires ?
Va-t-on enfin mutualiser sérieusement nos efforts au niveau européen pour réduire nos coûts (jusqu’à 40 % selon certaines études) ? Si objectif de 5% il doit y’avoir, ce dont nous ne sommes pas convaincus, il doit être européen.
Quelles dépenses seront incluses dans les dépenses de sécurité au sens large ? Peut-on espérer que notre souveraineté énergétique, notre hôpital public, notre sécurité civile et j’en passe rentrent dans cette catégorie et fasse enfin l’objet d’un effort budgétaire à la hauteur des enjeux ?
