Comme lors des précédentes années, j’ai pris part à l’assemblée générale des communes forestières de l’Isère, qui se tenait cette année à Lans-en-Vercors. Alors que le bois des Alpes est une des richesses de notre territoire et que de nombreuses communes sont très volontaires pour permettre son exploitation raisonnée et son usage local, beaucoup reste encore à faire pour rebâtir une filière locale réduite à peau de chagrin par la mondialisation. Or, il y a urgence, alors que la forêt française souffre de plus en plus du changement climatique, comme l’illustre la crise des scolytes, ces insectes qui dévorent nos forêts, en particulier dans l’Est de la France. De même, la multiplication des incendies et des sécheresses font courir de grands risques à nos forêts, qui absorbent de moins en moins de CO2.
Pour permettre une exploitation raisonnée, y compris sur des parcelles privées souvent laissées à l’abandon, et diversifier les espèces d’arbres, afin de garantir leur résilience au changement climatique et l’essor de la biodiversité, nous disposons en théorie d’un outil idéal : l’Office National des Forêts (ONF). Malheureusement, celui-ci a subi de très nombreuses coupes d’effectifs depuis 15 ans, et les 8200 agents actuels sont trop peu nombreux face au travail nécessaire. Après des années de lutte auprès des syndicats de l’ONF, nous avons certes réussi à éviter de nouvelles coupes budgétaires, mais pas encore à inverser la tendance. Comme chaque année, je saisirai l’occasion du budget 2025 pour porter cette demande urgente.
Plus largement, nous avons besoin de lutter contre le morcellement des parcelles, la multiplication des coupes rases, la financiarisation croissante des forêts par des investisseurs peu scrupuleux et enfin de relocaliser la filière en France. Le nombre de scieries en France a ainsi été divisé par dix depuis 1960 et si la France exporte beaucoup de bois brut, les importations de produits transformés issus du bois (meubles, carton, papier…) représentent près de 10% de notre déficit commercial (9 milliards d’euros).
Ainsi, depuis le début de mon mandat, je me suis pleinement mobilisé sur ce sujet de la relocalisation de la filière bois, notamment en m’appuyant sur la commande publique, qui se doit d’être exemplaire. J’ai ainsi obtenu il y a maintenant plusieurs années une bonification automatique de 10% des subventions DETR et DSIL versées aux communes iséroises par la préfecture lorsque leurs projets sont réalisés en bois local des Alpes. Je me mobilise désormais pour élargir ce dispositif aux matériaux bio-sourcés et généraliser ce type d’approche. Enfin, au-delà, il nous faut une grande réforme de la gestion de nos forêts, dont la proposition de loi transpartisane rédigée par toute la gauche de l’Assemblée nationale, ainsi que le groupe LIOT, est un très bon point de départ. Vous pouvez donc compter sur moi pour m’en faire le relai au Sénat.
Photo : scierie Lapierre et Martin, récemment visitée lors d’un déplacement en Savoie