En novembre dernier, j’avais interrogé le Ministre de l’intérieur sur la transparence des effectifs de policiers nationaux dans les différentes communes, tant ces données restent opaques. Les chiffres sont souvent surestimés, ne prenant pas en compte les postes non pourvus ou ceux déployés temporairement sur d’autres zones. Sa réponse est restée très évasive et son refus d’un commissariat de plein exercice à Echirolles est regrettable, tant les besoins d’effectifs sur cette commune sont importants.
Surtout, le gouvernement continue de se défausser sur les maires, en les enjoignant à renforcer leurs polices municipales. Il s’en remet ainsi à une future loi sur le renforcement des polices municipales, amenées à avoir un pouvoir toujours plus important. Sauf que les moyens des collectivités sont déjà exsangues et très différents d’une commune à l’autre. Cette façon de rejeter la question de la sécurité sur les maires est irresponsable.
Par ailleurs, le ministre vante dans sa réponse la départementalisation de la police nationale. Or, celle-ci est profondément négative. D’une part, elle place les policiers nationaux sous un commandement départemental, sous les ordres du préfet. D’autre part, elle met fin à l’indépendance de la police judiciaire, entraînant donc des risques considérables d’ingérences dans les enquêtes.
En outre, les 4000 enquêteurs de la PJ (hautement spécialisés) sont désormais mis à contribution pour traiter la petite et moyenne délinquance, afin de réduire le stock de plaintes devenu ingérable – plus de 3 millions. La lutte contre la grande criminalité (financière, narcotrafic, terrorisme, banditisme, trafic d’armes…) en fait les frais. Ce renversement des priorités d’enquêtes est une absurdité qui avait été dénoncée par la grande majorité des enquêteurs de la police il y a deux ans et la réalité leur a donné raison.
Au contraire de ces mesures absurdes, je plaide pour un retour à une organisation claire entre polices municipales et nationale, l’abrogation de la réforme de la police judiciaire, des embauches massives dans la justice, (afin de lutter plus fortement contre la délinquance financière et le narcotrafic), le retour de la police de proximité et la légalisation du cannabis, qui permettra d’allouer des moyens policiers ailleurs, où ils sont bien plus nécessaires.
Je continuerai à me faire le relais des préoccupations des élus locaux et des citoyens sur la sécurité. Plutôt que des coups de menton et des opérations de communication, la sécurité mérite une organisation efficace. Comme le reste des écologistes, je continuerai à être force de propositions sur ce sujet.
Crédit photo en une : Maxence Pira